Et si nous nous interrogions sur nos croyances ?
Pour commencer, qu'est-ce qu'une croyance ?
La définition du Petit Robert est la suivante :
« Action, fait de croire une chose vraie, vraisemblable ou possible. ➙ certitude, conviction, foi. La croyance à, en qqch.
Ce que l'on croit (surtout en matière religieuse). Croyances religieuses. ➙ conviction. »
Vous noterez qu’à travers cette définition, que le dictionnaire relie la croyance à une action. Action de faire croire, mais également l'action de croire.
On peut donc en déduire que certaines de nos actions sont guidées par nos croyances, mais également guidées par certaines de nos actions, de nos non-décisions ou de nos freins.
En hypnose, on aime à penser que les croyances sont fondatrices de l'individu. Que les croyances orientent les chemins de vie.
Lorsque vous dites « Je crois », on le traduit souvent par « Je suis sûr » ou bien « Vous savez comme tout le monde… » ou encore « Il est normal de … ».
Certaines croyances fixent la norme. Ce sont souvent des croyances sociales au titre de « Je dois ». Comme « Je dois aimer mes parents », « Je dois aimer mes enfants », « Je dois être productif » ou « Je dois aller vite ». Cependant, on confond alors croyances et injonctions.
D’où viennent les croyances ?
Durant mon accompagnement, à chaque fois que l'on me verbalise une croyance je pose systématiquement la question : « Qu'est-ce qui vous fait croire cela ? ». Souvent on me répond « Mais c'est normal de penser comme ça non ? », ou « Enfin je pense comme tout le monde ? ».
Eh bien non ! En hypnose il n'y a rien de normal. Rien de comme tout le monde. Rien de positif. Rien de négatif. Il n'y a que des pensées, des croyances, qui aboutissent à des actes. Il est donc intéressant de se pencher sur ces pensées. Ces actes sont-ils alors bénéfiques pour la personne ? Ou ces actes, ou ces non-actes, sont-ils limitants voire dangereux pour la personne ?
Questionner une croyance c'est essayer d'en comprendre l'origine.
Mais cette croyance, vient-t-elle de l'enfance ?
La croyance a-t-elle été expérimentée ? Si oui, quels apprentissages la personne en a-t-elle tiré ?
Cette croyance vient-t-elle de l'extérieur de la famille, de la société, du regard de l'autre, de la volonté de conformité ?
Donc après être parti de la définition d'une croyance, et être aller creuser les origines de cette dernière, rapidement se posera la question de l'utilité de cette croyance. Mais à quoi cela vous sert de penser de cette façon ?
Cette question permet également de vérifier l'écologie du changement. Nous y reviendrons plus tard. En tout cas, comprendre à quoi sert une croyance permet de cerner la zone de confort ou d'inconfort de la personne qui se trouve en face de moi.
Lorsque nous avons compris à quoi cette croyance servait, ou desservait la personne, nous allons pouvoir l'utiliser pour travailler dessus afin de la renforcer ou de la déconstruire.
Si la croyance est protectrice nous allons la renforcer. Peut-être même lui donner sa juste place.
Un exemple concret
Une anecdote me revient en tête. Un jeune homme me consulte. Il est père depuis peu, et son bébé pleure la nuit. Il ne sait pas comment réagir, car dans sa famille, me dit-il « on secoue les bébés ! ».
Il me raconte alors un antécédent familial d'un de ses oncles qui aurait secoué un de ses cousins, nouveau-né, qui aujourd'hui est handicapé.
Ce jeune homme est intimement persuadé qu'il y a quelque part en lui, dans son manque de patience, quelque chose qui risquerait de le pousser à secouer lui aussi, son enfant.
Il me dit également craindre terriblement de passer à l'acte.
Cette peur le bloque à tel point qu'il est incapable de prendre son enfant dans les bras.
Ensemble, nous sommes remontés à l'origine de cette croyance.
Nous avons travaillé sur sa croyance «je vais secouer mon enfant et je serai capable de lui faire du mal ».
Très vite cette croyance s'est heurtée à « Cela me fait peur, ce n'est pas moi ».
Nous sommes rapidement arrivés à la conclusion que sa peur le protégeait du passage à l'acte. Donc cette croyance « Je serai capable de secouer mon enfant » disparaissait face à sa peur de le faire, et cette peur le protégeait à tout jamais de passer à l’action. Il pouvait donc garder juste le côté positif de sa peur « je ne passerai jamais à l'acte, puisque cette chose me fait peur ».
Il s’agissait donc d’ancrer cela dans son cerveau, pour lui apporter calme et sérénité lorsque son enfant pleurerait, et il pourrait ainsi le prendre dans ses bras pour apporter une autre réponse.
Pour la petite histoire, avec ce jeune père nous continuons de nous voir régulièrement. Il va bien, son fils aussi. Ils ont une très belle relation l'un et l'autre, et nous continuons ensemble d’ancrer de la sérénité dans cette paternité.
Les croyances limitantes
Certaines croyances sont limitantes dans la famille : « Je suis nul en maths »,
« J’attire que des gens toxiques autour de moi », « Toutes les personnes qui m’entourent sont néfastes », ou encore « Je n’ai jamais eu de chance ».
Il est intéressant de noter que souvent les croyances limitantes sont des croyances généralistes.
Là encore il est intéressant de savoir à quoi sert une croissance limitante. Est-ce qu'elle protège la personne d'aller dans un monde où il y aurait du danger ? Comme « Je suis incapable de prendre la parole en public ». Est-ce que cela permet de rester dans une zone où l’on ne va pas verbaliser ses pensées, où l’on ne va pas donner son opinion, où l’on ne va pas risquer de créer du conflit ?
En interrogeant la croyance limitante, on la ramène à la rationalité.
En travaillant sur une croyance limitante, on lui donne une autre place. Il est possible que les limites soient abaissées. On se permet alors un pas dans cette zone d'inconfort, qui rapidement avec l'expérimentation, deviendra une zone de confort.
Pour ma part, dans mon travail d’hypnothérapeute je remets en question mes croyances en permanence, face aux personnes qui se trouvent face à moi. Je me permets de ne poser aucune croyance sur cette personne. En revanche, j’interroge systématiquement toutes les croyances que l'on me présente.
Cela rejoint un poste que j'ai fait précédemment qui s'appelle « Je me confronte ».
À chaque fois que vous prononcez les expressions « Je sais », « Je crois », « Je suis sûr », demandez-vous à quoi ces expressions subjectives vous servent.
Pour aller plus loin
La semaine prochaine nous irons plus loin, je brosserai avec vous un trait de comportement, illustré d'une méthode que j'utilise très souvent au cabinet, et nous explorerons « Je suis bleu ».
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